Un enfant cireur de chaussures Crédit : O.I.T. La moitié de la population mondiale active gagne moins d'un dollar par jour.
12,3 millions de femmes et d'hommes travaillent dans des conditions d'esclavage.
200 millions d'enfants de moins de 15 ans travaillent au lieu d'aller à l'école.
2,2 millions de personnes meurent chaque année suite à des accidents du travail.
Sans compter le chômage massif au niveau mondial, la violation des droits syndicaux et l'absence de protection sociale pour la majorité des travailleurs de « l'économie informelle »...
Au-delà du constat, il est une piste de réponse : mettre à l'agenda le concept développé par l'Organisation Internationale du Travail , à savoir le travail décent.
En 1998, l'OIT adoptait la Déclaration relative aux principes et droits fondamentaux, qui a pour objectif d'assurer que le progrès social accompagne le progrès de l'économie et du développement.
LE TRAVAIL DECENT garantit des moyens suffisants pour satisfaire les besoins humains essentiels. Il implique un revenu décent, la liberté de s'organiser, le droit à la protection sociale, l'élimination de toute forme de travail forcé ou obligatoire, l'abolition effective du travail des enfants, l'élimination de la discrimination en matière d'emploi et de profession...
Or, au Nord comme au Sud, la pression sur les salaires est généralisée. Les multinationales font fabriquer leurs produits là où les salaires sont les plus bas et les droits sociaux limités, voire inexistants. Au Nord, au nom de la lutte contre la concurrence de plus en plus élevée. Au Sud, pour attirer les investissements étrangers. Cette « course vers le bas » concerne donc les travailleurs du monde entier qui sont réduits à des outils au profit des multinationales.
Les travailleurs du monde ne sont pas concurrents mais mis en concurrence ! PARTOUT, ce sont les travailleurs qui paient les pôts cassés. En Belgique, en Europe, mais malheureusement, c'est évidemment le Sud qui subit les consequences les plus graves et en paie le prix le plus fort
Exemples...
La concurrence est rude
A Mamou, comme dans d'autres villes de Guinée, de nombreux ateliers de couture ont été créés. Antoinette, « la patronne », dirige une dizaine de femmes qui découpent les modèles, préparent les pièces pour coudre finalement des pagnes, robes, nappes, oreillers et couvertures de lits. Mais la concurrence est rude et l'offre dépasse la demande. Les prix de vente sont revus à la baisse alors que l'électricité et le loyer augmente.
Une autre concurrence s'est faite jour de façon plus récente : les produits chinois emballés dans du plastique. C'est plus présentable et cela évite les poussières car les produits sont exposés le long de la rue poussiéreuse. Les femmes travaillent beaucoup pour peu de bénéfice. L'an passé, Paula, l'une d'entre elles, a accouché dans l'atelier. Deux jours après, elle est revenue avec son petit Ben : elle lui donnait le sein et il dormait pendant qu'elle travaillait.
Ashra se dit indépendant : il ne l'est pas vraiment...
Ashra est un « chauffeur de taxi » à Dacca, au Bangladesh. Sa devise : « toujours à l'heure ! » Avec sa connaissance des moindres ruelles de la ville, il parvient toujours à satisfaire sa clientèle. Ashra se dit indépendant : il ne l'est pas vraiment. Il est même plutôt dépendant... du propriétaire de son vélo taxi qui le lui loue pour une journée ou une demi-journée. Tous les frais sont à charge de Ashra : entretiens, crevaisons, dégâts éventuels, accidents. Après 15 à 16 heures d'efforts, Ashra rentre chez lui, complètement fourbu. Heureusement, aujourd'hui, c'était une bonne journée. En décomptant tous les frais, il lui restait de quoi nourrir sa femme et ses trois enfants. Ce n'est pas le cas tous les jours. Demain, on verra bien.
« Les travailleurs ne sont pas des outils » Crédit : Frédéric Lévêque, CNCD-11.11.11 Des situations comme celle-là sont très fréquentes dans la plupart des pays en développement. Un seul petit trajet entre l'aéroport et le centre-ville des pays pauvres permet déjà d'en faire une liste impressionnante : vendeurs de fruits et légumes, cireurs de chaussure, artisans, réparateurs de vélo, couturiers, coiffeurs, etc. Vous rencontrerez même des casseurs de cailloux qui revendent la brique pilée afin d'en faire des routes, des vendeurs de cigarettes et d'allumettes ou de briquets, des vendeurs de billets de loterie, des travailleurs domestiques... Tous ces travailleurs, dont beaucoup sont des travailleuses, font partie de ce qu'on appelle le secteur informel.
Notre message ?
Les travailleurs ne sont pas des outils
Un revenu décent pour une vie décente
Les multinationales traitent les travailleurs comme des outils en les mettant en concurrence et en leur proposant un travail indécent : revenu bas, horaires et conditions difficiles, droits sociaux limités ou inexistants...
Il faut renforcer la solidarité entre les travailleurs du monde entier pour faire face à la mise en concurrence grandissante.
Pour atteindre les Objectifs du Millénaire en 2015, il est impératif que le “travail décent” devienne le mot d'ordre des acteurs à tout niveau. Pour y arriver, les Etats doivent prendre leurs responsabilités :
coopérer mieux et davantage
réguler le marché du travail et les acteurs privés
Les travailleurs et travailleuses du Nord et du Sud ne sont pas concurrentiels à long terme. Au contraire, l'amélioration du niveau de vie au Nord dépend de l'augmentation des revenus au Sud. En fait, si les conditions de travail du Sud ne s'améliorent pas, les nôtres se dégraderont également !
Nos revendications
Exiger un revenu décent et par conséquent une vie décente au Nord comme au Sud ;
Inscrire le travail décent comme priorité dans les politiques de développement ;
Garantir une mondialisation des droits sociaux ;
Réguler les acteurs privés et les obliger à appliquer les normes du travail décent
Le logo de la coalition belge pour le travail décent Pour porter ces revendications, il est urgent de rentrer en campagne ! En janvier 2007, une campagne mondiale était lancée dans le cadre du Forum social mondial de Nairobi. En Belgique, la coalition belge pour le travail décent se met en marche dès 2008 et s'organise autour des deux coupoles d'ONG et d'associations (CNCD- 11.11.11 et son homologue néerlandophone), et du côté francophone, la coalition, outre le CNCD-11.11.11, compte sur les forces des membres suivants : CSC, FGTB, Solidarité socialiste, Solidarité mondiale, Oxfam-Solidarité, Oxfam-Magasins du Monde, Campagne Vêtements Propres, GRESEA, CIRé, Monde Selon les Femmes, Réseau Financement Alternatif, CADTM et CGSLB. D'autres organisations s'apprêtent également à se joindre à ce combat.

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